Les premiers habitants de Pompéi devaient tirer l'eau au puits ou recueillir l'eau de pluie dans l'impluvium de l'atrium de leur maison ou dans des citernes pour pourvoir à leurs besoins.

La construction de l'aqueduc de Serinum, qui amène à Pompéi l'eau des sources d'Acquaro, et celle d'un imposant château d'eau - "castellum aquae" - les libéra de cette corvée. Le castellum aquae de Pompéi est implanté au point le plus élevé de la ville, près de la Porte du Vésuve, à environ 43 mètres au-dessus du niveau de la mer. Il enfermait un bassin circulaire qui collectait l'eau de l'aqueduc et la distribuait par trois exutoires. Un système de vannes à glissières permettait d'en réguler le débit en fonction du niveau disponible et de desservir les différents quartiers de la ville à travers un réseau de "fistulae", des conduites de plomb dont les hommes de l'antiquité ignoraient le danger.

Le castellum aquae alimentait en eau les bornes des fontaines, les bains publics ou privés, les foulonneries, les étals du Macellum et les viviers où de simples particuliers élevaient des poissons etc. Il desservait aussi les nymphées - les niches décorées de mosaïques abritant des fontaines consacréees aux nymphes - et les "euripes" (euripi), les élégants canaux qui rafraîchissaient les jardins de plaisance. Il contribuait ainsi à la salubrité publique puisque les anciens étaient persuadés que jets d'eau et fontaines purifiaient l'air vicié des villes.

On sait par Vitruve comment on gérait la distribution. Les eaux du castellum devaient, selon lui, se déverser par trois conduites identiques dans trois réservoirs disposés de telle sorte que l'eau n'arrive dans le réservoir central qu'après avoir rempli les deux autres, ce qui semble correspondre aux trois exutoires du castellum de Pompéi. Ce réservoir alimentait les bassins ("laces") et les fontaines publiques ("salientes") ; l'un des réservoirs latéraux desservait les thermes, moyennant une redevance annuelle ; le troisième, les demeures privées, moyennant une contribution. Ainsi, les particuliers ne pouvaient détourner l'eau du "service public" à leur seul profit.

Les trois conduites principales alimentaient à leur tour les castella plumbata, les châteaux d'eau secondaires, des colonnes d'eau verticales d'un mètre de large et de six mètres de haut, qui surplombent encore aujourd'hui les fontaines de Pompéi. L'eau en traversait souvent plusieurs avant d'arriver au point ultime de distribution. Des tubes en bronze ("calices") de différents diamètres, correspondant au volume d'eau dévolu à chacun, étaient branchés à la même hauteur, à l'intérieur du réservoir de telle sorte que la pression soit égale sur tous et que chacun paie en fonction du volume réellement consommé.

Les fontaines publiques de Pompéi, souvent placées aux carrefours, comme la fontaine du carrefour d'Holconius au croisement de la rue de l'Abondance et de la rue de Stabies, sont toutes construites selon le même modèle : un haut pilier de maçonnerie, creusé, sur l'une de ses faces, d'une longue saignée dans laquelle était inserrée la conduite principale menant au réservoir supérieur. Celui-ci était sans doute en métal, il était parfois installé sur un arc, comme c'était le cas pour la fontaine de Mercure. Le bassin, toujours rectangulaire, est fait de quatre blocs de basalte assemblés par des tenons de fer. Seule la fontaine de la rue de l'Abondance, sans doute due à la générosité d'Eumachia, est en travertin. Une grande variété de figures sculptées distingue par contre les différentes fontaines : l'eau coule ici, de la gueule d'un chien, là de celle d'un lion ou d'un boeuf, ailleurs elle sort de la bouche d'une femme ou d'une divinité. Le trop-plein s'écoule, en face, et rejoint les caniveaux avant de parvenir dans les égouts enterrés sous les rues et sous les trottoirs.

fontaine à tête de boeuf		borne fontaine		fontaine - rue Consulaire
fontaine d'Holconius		borne fontaine		fontaine à tête de lion
nymphée		euripus		fontaine
fistulae		fistulae		fistulae