La maison du faune

L'atrium et le péristyle transversal - La Maison du faune - Pompéi photo © Patricia Carles

 La maison du Faune est l'une des plus grandes demeures de Pompéi avec une superficie de quelque 3000 mètres carrés. Construite à l'époque samnite (IIIè, IIè siècle av. J.-C.), elle fut rénovée deux fois au IIè siècle av. J.-C. et se trouva ainsi dotée de deux atria et de deux jardins. L'hortus primitif fut en effet transformé en un second péristyle de grandes dimensions et d'ordre dorique donnant sur une série de petites pièces au nord. Le péristyle transversal est, quant à lui, d'ordre ionique. La décoration aussi fut remaniée, ce dont témoigne la magnifique mosaïque polychrome d'Alexandre, ornant le pavement de la grande exèdre entre le premier et le second péristyle, ainsi que le seuil en mosaïque qui séparait le vestibule de l'atrium. Le décor de la demeure dans son ensemble constitue un bel exemple de ce que l'on appelle le premier style pompéien et son architecture réalise la fusion harmonieuse des modèles de palais hellénistiques et de la domus traditonnelle romaine.

 Passé le vestibule, un couloir (fauces) introduisait à la majesté de l'atrium. Le décor de la partie supérieure des murs latéraux figurait deux petits temples tétrastyles en trompe-l'oeil, certainement des laraires.

 

fauces
 Sur le seuil en mosaïque très fine (vermiculatum) qui séparait le vestibule de l'atrium on pouvait voir une guirlande de fruits et des masques tragiques, première image d'une thématique dionysiaque dans laquelle les propriétaires, peut-être les Satrii, auraient donné la représentation de leur origine mythique. Les masques tragiques, s'ils rappellent l'organisation de spectacles par l'un des membres de la famille, évoquent aussi l'univers du théâtre dont l'origine est rattachée à Dionysos

 
 

 guirlandes et masques
D'autres éléments décoratifs étaient consacrés à cette divinité, comme la statue du faune dansant ou la mosaïque du dieu enfant chevauchant un tigre. La maison doit d'ailleurs son nom à la statuette de bronze qui ornait, à l'origine, l'extrémité septentrionale de l'impluvium dans l'atrium. Elle ne représentait pas un faune mais un satyre, Skirtos, le "satyre qui danse la saltarelle". C'est par erreur que la copie de l'original, conservé au Musée de Naples, a été placée au centre de l'impluvium.

 
 

faune dansant
Sur les côtés de l'atrium s'ouvraient plusieurs cubicula. L'une des chambres possèdait un pavement en mosaïque avec un emblema en opus vermiculatum illustrant la rencontre érotique d'un satyre et d'une nymphe, figures traditionnelles du cortège dionysiaque.

 
 Les alae du tablinum donnaient à voir aussi des emblemata insérés dans un pavement de marbre polychrome. Une nature morte représentait un chat saisissant une perdrix,  des canards du Nil, des mollusques et des poissons d'eau douce.

 

 
 Une autre montrait trois colombes sortant un collier de perles d'un coffet. Peut-être décorait-elle l'endroit où l'on enfermait les objets précieux de la famille. Les ailes de nombreuses habitations conservent, en effet, les trous qui servaient à fixer des consoles ou les bases destinées à loger les armoires.

 
 

 emblemata
 Deux pièces, à côté du tablinum, offraient d'autres exemples d'emblemata en mosaïque polychrome vermiculatum : Dionysos enfant chevauchant un tigre à tête de lion et un poulpe capturant une langouste. La deuxième mosaïque décorait certainement un triclinium et donnait aux invités un avant-goût des mets qu'ils allaient déguster, mais il semblerait que le thème du poulpe confronté à une langouste sous le regard d'une murène illustre un passage du traité de zoologie d'Aristote dans lequel l'auteur évoque la chaîne alimentaire opposant les crustacés aux mollusques et ceux-ci aux poissons (Aristote, Histoire des animaux 8,2,590 a-b). Le thème avait dû être traité par la peinture pour les savants qui fréquentaient le Musée d'Alexandrie.

 

 
 

deux emblemata 
On voit ici les élégantes colonnes ioniques du péristyle transversal entourant un jardin géométriquement ordonné. Si la première partie de la demeure était dédiée au maître de maison et à ses clients, les deux péristyles offraient des espaces consacrés aux amis.

 
 

péristyle transversal
  La grande mosaïque de l'exèdre, dans l'axe du tablinum et de l'atrium, représentait Alexandre le Grand opposé à Darius pendant la bataille d'Issos, remportée en 333 av. J.-C. ou celle d'Arbèles. Il semble que ce soit la copie d'un tableau d'époque hellénistique attribué à Philoxène d'Erétrie par les uns ou à Hélène d'Alexandrie par les autres. L'original a sans doute été rapporté de Grèce à Rome après les conquêtes du IIè siècle av. J.-C. L'exèdre s'ouvrait, au nord, sur le second péristyle.

 
 

 la mosaïque d'Alexandre   
  Au sud, à l'entrée de l'exèdre, la mosaïque d'Alexandre était précédée d'un long seuil tripartite en mosaïque polychrome sur lequel se déployait un paysage nilotique peuplé de crocodiles, d'hippopotames et d'ibis. Le propriétaire était peut-être un adepte du culte d'Isis, la déesse du Nil pour laquelle on construisait précisément un temple à Pompéi au IIè siècle av. J.-C. Ou peut-être s'agit-il d'évoquer la conquête de l'Egypte par Alexandre après la victoire d'Issos.

 
 

 scène nilotique
 C'est sur l'espace occupé par le jardin primitif que l'on édifia le second péristyle sur lequel donnait une suite de pièces et de salles de séjour.

 
 

 deuxième péristyle
Ce second péristyle était  ponctué par quarante trois colonnes qui témoignent de la production en série, à Pompéi, de fûts de colonnes creusés de cannelures et de chapiteaux destinés à l'habitation privée. L'emploi du tour permettait cette production quasi "industrielle".

 
 

colonnes 

 

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