l'entrée du Macellum sur le Forum - Pompéi (photo © Patricia Carles)

 A l'origine, le marché se tenait sur le forum, la place publique. Mais celui-ci fut peu à peu envahi par les banques, les boutiques de luxe et le marché quitta le forum pour s'installer dans des lieux spécialisés. Chacun y trouvait son compte : les habitués du forum proprement dit pouvaient se consacrer aux affaires publiques sans craindre l'envahissement de la foule et les marchands pouvaient se livrer à leur commerce sans pâtir des agitations de la vie politique. D'abord réservé à la vente du poisson, dont les odeurs fortes indisposaient peut-être les édiles et autres personnalités en vue, le macellum servit bientôt à toutes sortes de denrées alimentaires.

Le Macellum de Pompéi, édifié au II° siècle avant J.C., remanié à l'époque julio-claudienne, avait été totalement détruit par le tremblement de terre de 62. Il était en cours de reconstruction au moment de la catastrophe et le forum avait donc retrouvé sa fonction ancienne en attendant la fin des travaux. Le samedi était jour de marché à Pompéi. Moyennant une taxe, dont les archives de Caecilius Jucundus ont conservé la trace, les marchands ambulants s'installaient sur les trottoirs à un emplacement déterminé. A l'occasion des jeux, profitant de l'affluence, ils dressaient leurs étals devant l'amphithéâtre comme en témoigne la peinture représentant la grande bagarre qui opposa Pompéiens et Nucériens en 59 de notre ère.

Le macellum de Pompéi avait trois entrées, l'une, à double porte, sur le forum ; la deuxième, sur la rue des Augustales et la troisième sur une rue transversale, la rue des Balcons suspendus. Il se composait d'une vaste cour portiquée, l'area, décorée de tableaux mythologiques et de natures mortes alternant avec des motifs architecturaux.

Onze boutiques donnant sur la cour s'alignaient contre le mur méridional du Macellum qui longe une partie du forum. Chacune avait un étage auquel on n'accédait, semble-t-il, qu'à l'aide d'une échelle. Une autre rangée de boutiques, accotées au mur nord, donnait sur l'extérieur. Les fouilles y ont livré des figues, des pruneaux, des fruits en bocaux, des raisins, des noisettes, des lentilles, du pain, des pâtisseries et même des plats tout préparés, à l'image de ceux que l'on devine sur les peintures décorant la maison de Julia Felix.

Au centre de la cour était érigée une tholos dodécagonale dont ne subsistent que les bases de pierre. On y vendait les poissons et les coquillages. Un bassin ou une fontaine, au centre, permettait de garder au frais le poisson et de le laver après l'avoir préparé pour la vente : on a retrouvé quantité d'arêtes et d'écailles dans la canalisation d'écoulement partant du centre de la tholos.

A l'est, se trouvait le sacellum, un édifice consacré au culte impérial. On accède à la pièce principale par un escalier de cinq marches. Sur le piedestal, au centre, était érigée la statue d'un empereur dont on n'a retrouvé qu'un bras portant un globe. C'est probablement l'empereur Claude. De part et d'autre, des niches latérales abritaient quatre statues de marbre représentant la famille impériale à la générosité de laquelle on devait les travaux de reconstruction du Macellum. D'un côté, Octavie, soeur d'Auguste et grand-mère maternelle de Claude, et son fils, Marcellus (les originaux sont conservés au Musée de Naples, on a installé des copies sur le site) ; de l'autre, les statues d'Agrippine, épouse de Claude, et de Néron, son fils adoptif. Pompéi célébrait ainsi la lignée d'Octavie, en qui Auguste avait mis tous ses espoirs. Néron, qui avait épousé une Pompéienne, la belle Poppée, est d'ailleurs célébré par deux fois au Macellum puisqu'une peinture de la colonnade le représente coiffé de laurier par une victoire ailée. A côté de cette chapelle impériale, une autre, plus petite, abritait les banquets rituels d'un collège religieux dont on ignore s'il s'agit d'un collège aristocratique ou d'un collège de riches affranchis. La troisième pièce était une vaste boutique contenant un étal en L derrière lequel les marchands pouvaient aisément circuler. On y vendait de la viande, sur le comptoir de droite, et du poisson, sur celui de gauche ; c'est du moins ce que suggèrent les rigoles d'écoulement donnant sur la rue.

Les marchandages devaient aller bon train au marché. La table des poids et mesures, mensa ponderaria, était là pour permettre à chacun de s'assurer de l'honnêteté des marchands et éviter toute contestation. Elle était abritée sur le forum, dans un petit édifice situé en face du Macellum, creusé dans le mur du temple d'Apollon.

Il n'y a pas de latrines au Macellum, les chalands devaient emprunter celles du forum.