par locipompeiani » 23 Septembre 2018, 10:24
François Taddei, héraut (plus) très discret de la « société apprenante »Extrait de la conclusion de l'article :
François Taddei est en quelque sorte devenu le Pierre Rabhi de l’éducation : même discours lisse et sinueux, même apparence de simplicité, même packaging humaniste, révolutionnaire, voire libertaire (des solutions locales, horizontales, venues du terrain grâce aux pionniers, aux « acteurs du changement »), même imposture[46]. Ainsi, la récente démission de Nicolas Hulot du ministère de l’Écologie a donné à François Taddei l’occasion de lancer la promotion de son nouvel ouvrage, Apprendre au 21e siècle. Prenant acte de l’inefficacité des « petits pas » accomplis par l’ancien ministre quand il était au gouvernement, il en profite de nouveau pour faire de la société apprenante la réponse « aux défis de l’humanité » :
« Je pense que c’est une manière de faire beaucoup de petites gouttes d’eau qui vont contribuer à faire de grandes rivières du changement. Plutôt que de se plaindre qu’un gouvernement ne fait pas suffisamment de petits pas, je pense qu’il vaut mieux inviter chacun d’entre nous à contribuer à faire des micro-pas, mais des micro-pas faits par des milliards de gens, ça peut permettre à l’humanité de faire les pas de géants dont on a besoin. »[47]
Voilà la supercherie de la légende du colibri mise à nu : une entreprise de dépolitisation où les « micro-pas » devraient prendre la place de la critique du pouvoir en place et de la mobilisation sociale ; une fable où la concorde factice d’une humanité à l’unisson masque et protège les intérêts privés ennemis du bien commun. Il devient ainsi possible de promouvoir l’éducation avec Bettencourt, de protéger l’environnement avec Total, et de soutenir les libertés individuelles et l’émancipation avec Google et Facebook.
On comprend in fine que la société apprenante est une idéologie qui nous somme de nous adapter au monde capitaliste et libéral tel qu’il va et de renoncer à toute lutte collective.
Bien cordialement,
Patricia Carles