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Re: mosaïque du chien - Maison de Paquius Proculus

MessagePublié: 16 Novembre 2010, 21:28
par laoshi
:D Bravo, Iulia pour votre belle étude. Je partage l'admiration de locipomeiani et de Minerve pour votre travail ;) .
J'ai une question à vous poser. Comment dit-on "ouah-ouah" ou "wouwou" en latin ? :?: les textes nous ont-ils laissé des onomatopées pour dire les aboiements des chiens, les japements, les glapissements des chiots ou bien avons-nous en quelque sorte, l'image sans le son ? :roll:
Merci d'avance de votre réponse !
Laoshi

Re: mosaïque du chien - Maison de Paquius Proculus

MessagePublié: 17 Novembre 2010, 07:12
par Iulia
Bonjour,
Nous avons un graffiti bien précieux (dont je parle dans mon étude mais peut-être est-ce dans les parties coupées, je ne sais plus): on a trouvé les lettres VAVA à côté d'un chien dessiné sommairement et comme, en latin, V=[w], on a bien la même prononciation que notre "ouah, ouah"!. On peut penser aussi que le verbe baubari repose sur l'onomatopée bauba(u) qui rendrait aussi le son de l'aboiement.
Cordialement.
Iulia

Re: mosaïque du chien - Maison de Paquius Proculus

MessagePublié: 18 Novembre 2010, 16:31
par laoshi
Merci de votre réponse si rapide, Iulia. J'ai vérifié dans les extraits que vous publiez sur locipompeiani, l'onomatopée n'y figure pas.
C'est vraiment touchant d'entendre la voix des humbles et des petits enfants dans ce genre de graffitis. Les textes classiques, pour autant qu'il m'en souvienne (j'ai fait du latin, il y a bien longtemps), ne nous donnent guère l'occasion de nous mettre à leur écoute.

REPRÉSENTATIONS DU CHIEN DANS L'ANTIQUITÉ ROMAINE

MessagePublié: 05 Février 2015, 14:50
par locipompeiani
L'article de Julie Gallego : REPRÉSENTATIONS LITTÉRAIRES ET ARTISTIQUES DU CHIEN DANS L'ANTIQUITÉ ROMAINE : DU CHIEN UTILITAIRE AU CHIEN DE COMPAGNIE est paru dans l'ouvrage : Une bête parmi les hommes : le chien. De la domestication à l’anthropomorphisme

"Vers 12 000 ans BP, des canidés sont devenus les compagnons des hommes. C’est le premier animal domestiqué de l’histoire de l’humanité. Cette aventure partagée est si précoce que, contre toute attente, l’histoire du chien n’a guère retenu l’attention des historiens.
Personnage historique de premier ordre, le chien mérite que l’on considère son histoire autrement qu’à travers les historiettes des fidèles compagnons de gens illustres. Le canis familiaris est l’espèce animale liée à l’homme par excellence : aucun autre animal n’a été contraint à autant d’utilisations diverses ; aucun autre animal ne s’est vu imposer par l’homme des transformations morphologiques aussi importantes en vue de l’adapter aux fonctions demandées.
Longtemps la représentation que l’on a du « meilleur ami de l’homme » a été simplement la transposition de notre point de vue contemporain sur les périodes passées, niant que le chien ait pu être considéré autrement.
Ces troisièmes rencontres du groupe « Des bêtes et des Hommes » ont réuni ceux, historien, archéologue, historien d’art, littéraire et vétérinaire, qui travaillent sur les deux derniers millénaires, plus précisément sur les périodes médiévale et moderne, jusqu’au milieu du XIXe siècle, avant l’émergence de la cynophilie moderne, et ont permis de confronter la documentation archéozoologique, écrite et iconographique. Les discussions se sont situées dans le temps historique autour du processus d’introduction du chien dans l’intimité de la maison ; une histoire qui accompagne singulièrement celle de la famille.
C’est donc une longue histoire que celle des hommes et de leurs chiens
."

"Représentations littéraires et artistiques du chien"

MessagePublié: 16 Février 2015, 09:48
par locipompeiani
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la belle étude que Julie Gallego a consacrée au chien à l’occasion des troisièmes rencontres du groupe « Des bêtes et des hommes » dont on vient de publier les actes.
Julie Gallego analyse l’évolution des fonctions du chien dans la société romaine à travers ses « représentations littéraires et artistiques » et montre comment les modifications de son statut juridique épousent cette évolution : d’abord classé parmi les bêtes sauvages, le chien conquiert le statut d’animal domestique (intégré à la domus, où il participe au labeur au même titre que les esclaves), avant de devenir l’animal familier que l’on aime de son vivant et que l’on pleure à l’heure de sa mort. Chien de guerre, chien de chasse, chien de berger, chien de garde, chien de boucherie, chien du sacrifice, chien de trait, chien savant, le chien romain endosse tous les rôles que lui confient les hommes ; il les défend, il les nourrit, il les sert, il les distrait, il les vêt de sa fourrure et les nourrit de sa viande ; il entre même à titre d’ingrédient dans certaines recettes de la pharmacopée.
On ne s’étonnera donc pas de rencontrer le chien non seulement dans les ouvrages utilitaires, comme ceux de Varron et de Columelle, mais aussi dans la littérature (singulièrement dans le Satiricon, dont Julie Gallego analyse longuement le banquet de Trimalcion), les peintures, les mosaïques (entre autres, le fameux Cave canem de Pompéi) et les sculptures. Sa représentation en trompe-l’œil, au seuil de la maison, redouble son pouvoir bien réel de protection de la maisonnée et revêt une signification quasiment sacrée. Animal chtonien, le chien joue aussi un rôle non négligeable dans les rituels funéraires et figure souvent sur les stèles des enfants morts après les avoir accompagnés, dans leur vie, sous forme d’un jouet.
C’est dire que si l’homme romain a domestiqué le chien, le chien a sans nul doute conquis, voire humanisé les Romains par sa docilité, sa fidélité et son intelligence. Privé de la parole, le chien n’en est pas moins doté du langage pour des auteurs comme Columelle ou Lucrèce qui analysent en fins psychologues le sens de leurs aboiements, de leurs jappements et de leurs attitudes corporelles…. Bref, le chien romain est pratiquement un homme comme les autres : on se plaît à lui donner un nom (souvent un nom grec) et à célébrer sa mémoire par des épitaphes : celles des chiennes de compagnie n’ont rien à envier à celles de l’amante regrettée.

Pour prolonger la belle étude de Julie Gallego, je vous renvoie aux représentations de chien que j’ai photographiées au Louvre. Vous y trouverez chiens de berger (avec le collier qui les protège des loups dont parle Julie Gallego), des chiens de chasse, des chiens d’enfants, des chiens associés aux rites funéraires

Quelques liens vers des représentations du chien

MessagePublié: 16 Février 2015, 10:53
par locipompeiani