L'ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst

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L'ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst

Messagepar locipompeiani » 05 Avril 2013, 09:31

L'ange du bizarre. Le romantisme noir de Goya à Max Ernst : une exposition au Musée d'Orsay du 5 mars au 9 juin.

Pour la première fois, la face sombre du mouvement romantique est l'objet d'une exposition. Sous le terme de "romantisme noir" forgé par l'historien de la littérature, Mario Praz, on désigne un vaste pan de la littérature et des arts plastiques qui à partir des années 1760-1770, met en évidence la part d'ombre, d'irrationnel et d'excès qui se dissimule sous l'apparent triomphe des lumières de la Raison. Le goût du fantastique et du macabre irrigue les arts européens. Réaction aux lumières et fruit du vent de liberté qui se met à souffler, ce mouvement bouscule les conventions sociales, morales et esthétiques. Ce courant artistique commence à la fin du XVIII ème siècle dans la littérature gothique anglaise et se prolonge jusqu'au début du XXème siècle avec le cinéma expressionniste.
Le romantisme noir en trois époques
A travers les oeuvres de Goya, Friedrich, Füssli, Delacroix, Hugo, Redon, Stuck, Munch,Klee, Ernst, Dali...l'exposition présente le romantisme noir en trois époques: le temps de la naissance autour de quatre grands foyers (1770-1850), le temps de l'affranchissement et des mutations dans l'art symboliste (1860-1900) et le temps de la redécouverte dans l'art surréaliste (1920-1940). Le parcours est émaillé d'extraits d'œuvres cinématographiques, de Murnau à Bunuel.
"Les quatre foyers du romantisme noir"
Ce courant irrationnel de l'art occidental naît à la suite de la Révolution française et de ses répercussion dans l'Europe entière. A la fin du XVIII ème siècle apparaissent en Angleterre les romans noirs gothiques qui rencontrent un succès immédiat. En France, c'est vraiment à partir de 1815 que le romantisme noir s'épanouit. La référence de prédilection pour les jeunes artistes audacieux, désireux de frapper le public est la "Divine Comédie" de Dante, particulièrement "l'Enfer" qui fournit des scènes atroces et des "anti-héros" dont s'inspirent Füssli, Blake, Delacroix. Ce dernier se nourrit aussi des drames baroques shakespeariens, "Macbeth", "Hamlet", ainsi que du "Faust"de Goethe, tandis que Goya exploite les superstitions populaires immémoriales. Cependant les artistes ne se contentent pas d'illustrer, ils ajoutent leur vision propre fortement teintée d'érotisme, d'impiété, de libre-pensée, directement héritée du libertinage du XVIII ème siècle et de l'univers sadien. A ne pas manquer les toiles de Füssli, venues du monde entier et réunies pour la première fois. Le romantisme noir s'exprime aussi dans le paysage qui devient autonome dans les dessins de Victor Hugo et la peinture des romantiques allemands tel Caspar David Friedrich.
Mutations symbolistes
L'héritage romantique noir est réactivé à la fin du XIXème siècle à la faveur d'une nouvelle période de troubles et de bouleversements, guerre de 1870, seconde révolution industrielle en Europe...La confiance envers le positivisme scientifique et la démocratie s'essouffle. Constatant la vanité et l'ambiguïté de la notion de progrès, maints artistes se tournent vers les mondes occultes, raniment les mythes et exploitent les nouvelles découvertes sur les rêves. A la suite des contes fantastiques d'Edgar Poe, Charles Baudelaire, Théophile Gautier et Villiers de l'Isle-Adam posent les questions qui confrontent l'homme à ses terreurs ancestrales et à ses
contradictions. On voit ressurgir chez Ensor, Stuck et Rops, en pleine époque de seconde révolution industrielle, les hordes fantastiques de sorcières, squelettes ricanants, démons informes, Méduses et autres Sphinx, qui loin de signifier un repli obscurantiste sur le passé, traduisent un désenchantement lucide provocant face au présent. Autre thème qui obsède les artistes de cette fin de siècle, le mythe de la femme fatale, Salambô, Cléopâtre, Eve...A ne pas manquer, les oeuvres de Gustave Moreau.
Redécouverte surréaliste
Le romantisme noir reprend une nouvelle vigueur lorsque l'Europe s'éveille du cauchemar de la Première guerre mondiale. Bercés par les fées maléfiques de Goya, du romantisme allemand et du symbolisme, les surréalistes mettent en oeuvre les forces motrices de l'inconscient, du rêve, comme fondement de la création artistique, parachevant le triomphe de l'imaginaire sur le principe de réalité. Dali est fasciné par l'univers de Böcklin, Max Ernst obsédé par le thème de la forêt légué par Caspar David Friedrich, Bassaï traque l'inquiétante étrangeté dans la ville moderne. A ne pas manquer,entre autre, "L'Espérance" de Max Ernst prêtée exceptionnellement par la Pinakothek de Munich.
Douze extraits de films ponctuent le parcours: "Nosferatu le vampire" qui accueille les visiteurs," Les trois lumières", "La chute de la maison Usher", "Dracula", "Rébecca"," "Frankestein","La charrette fantôme" ,"Un chien andalou", "Faust, une légende allemande","La sorcellerie à travers les âges", "Los olvidados", "La vie criminelle d'Archibald de la Cruz".

Béatrice Flammang
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Bien cordialement,
Patricia Carles
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