Signac collectionneur au Musée d'Orsay - Vidéo de la visite
Signac peintre et collectionneur
Figure de proue du néo-impressionnisme, membre fondateur du Salon des Artistes indépendants (1884), Signac est au cœur de l'actualité artistique de son temps. Issu d'une famille aisée, il achète les œuvres de ses amis, souvent moins favorisés que lui. En 1906, Félix Fénéon, de la galerie Bernheim-Jeune, devient son marchand. Il troque alors ses propres toiles contre certains des tableaux de la galerie.
Dans son livre-manifeste D’Eugène Delacroix au néo-impressionnisme (1899), il défend le pointillisme et le rôle capital de la couleur pure dans la création picturale.
Signac apprend son métier en regardant les impressionnistes. Sa première acquisition est un paysage de Cézanne, La Plaine de Saint-Ouen-l'Aumône, qu'il conservera toute sa vie. Pour des raisons financières, il lui faudra attendre 1932 pour acquérir Le Village de Lavacourt et Pommiers en fleurs au bord de l’eau de Monet dont l’exposition avait pourtant décidé de sa vocation en 1880. Guillaumin, rencontré en 1884, est le premier peintre à le conseiller ; Signac lui achète Quai de la Rapée. C’est grâce à lui qu’il connaîtra Pissarro dont il acquerra Le Troupeau de moutons (1888) et qu'il achètera son premier Degas, Avant le lever de rideau, en 1887 ; Signac collectionnera également Boudin, Jongkind ainsi que des estampes et des albums illustrés du Japon, pour lui source majeure d'inspiration.
Henri Edmond Cross n’entre dans le cercle néo-impressionniste qu’en 1891 et se lie d'une étroite amitié avec Signac. Les deux peintres échangent des tableaux et se voient régulièrement dans le Midi où Cross accompagne la réflexion théorique de Signac sur la couleur. A partir de 1895, leurs touches s'élargissent et ils usent tous deux de polychromies libres et audacieuses. Après la mort de Cross en 1910, Signac continue d'acquérir ses toiles.
Signac se lie d'amitié avec Georges Seurat en 1884, à l'occasion du premier Salon des Artistes indépendants. Tous deux s'intéressent aux thèses scientifiques contemporaines de Charles Blanc et Eugène Chevreul sur la loi du contraste simultané des couleurs. En 1885-1886, Seurat reprend Un dimanche après-midi à l'île de la Grande Jatte en ponctuant sa toile de petites touches de couleur pure, laissant à l'œil du spectateur le soin d'opérer, à distance, la fusion des tons. D'emblée, Signac adopte la nouvelle technique, bientôt baptisée néo-impressionniste. Quand Seurat meurt brutalement en 1891, Signac devient le chef de file du mouvement. Très tôt, il collectionne ses œuvres, réunissant un ensemble exceptionnel de plus de quatre-vingt dessins, études, esquisses et tableaux.
Sensible à l’ expressivité de la couleur, il achète les Fauves : Matisse, Camoin, Marquet, Puy, d'Espagnat et surtout Valtat ; il affectionne aussi les céramiques fauves de son ami André Metthey.
Il admire Bonnard, acquiert des œuvres de Denis et Roussel, deux artistes dont il est proche, ainsi qu’un nu de Vuillard et, lui qui a tant raillé les symbolistes, un fusain de Redon, Le Centaure.