Diderot critique de Greuze au Salon de 1763

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Diderot critique de Greuze au Salon de 1763

Messagepar locipompeiani » 15 Avril 2021, 07:41

Diderot critique de Greuze au Salon de 1763

Greuze est le maître de la peinture de genre, que Diderot voudrait élever dans la hiérarchie académique au niveau de la peinture d’histoire : « la peinture de genre, écrira-t-il dans son « Essai sur la peinture » en 1765, a presque toutes les difficultés de la peinture historique ; qu’elle exige autant d’esprit, d’imagination, de poésie même ; égale science du dessin, de la perspective, de la couleur, des ombres, de la lumière, des caractères, des passions, des expressions, des draperies, de la composition ; une imitation plus stricte de la nature, des détails plus soignés ; et que nous montrant des choses plus connues et plus familières, elle a plus de juges et de meilleurs juges. »

Sa critique de la « Piété filiale », qu’on intitulerait mieux : « De la récompense de la bonne éducation donnée » est un chef d’œuvre de « description dramatisée » : elle restitue tous les éléments du drame qui se déroule devant nos yeux, elle en explique tous les ressorts, elle dégage la vérité de chaque physionomie, de chaque geste, de chaque attitude, de chaque expression : « Chacun ici a précisément le degré d’intérêt qui convient à l’âge et au caractère », remarque Diderot. La vieillesse, « qui endurcit les fibres, dessèche l’âme » ; aussi la femme du paralytique se montre-t-elle « presque insensible » à l’agonie de son vieux mari tandis que « les enfants les plus jeunes sont gais, parce qu’ils ne sont pas encore dans l’âge où l’on sent » … Seuls les aînés sont capables de « commisération ». Cette algèbre des passions, héritée de Le Brun et de la pratique académique des « têtes d’expression », est caractéristique de la critique de la scène de genre par Diderot.

Mais il introduit une dimension supplémentaire, inédite dans la critique de son temps. Là où les commentateurs croient déceler un « manque d’originalité » chez Greuze et lui reprochent de peindre toujours les mêmes personnages, Diderot décèle une volonté délibérée d’inscrire chaque tableau dans une série narrative originale : « D’accord ; écrit-il, mais si le peintre l’a voulu ainsi ? s’il a suivi l’histoire de la même famille ? », une idée qu’il développera dans son compte-rendu du Salon de 1765.
Bien cordialement,
Patricia Carles
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