par locipompeiani » 06 Février 2019, 16:03
“Meiji” Splendeurs du Japon impérial -Vidéo YouTube
A l’occasion de la commémoration du 150e anniversaire de la Restauration de l’ère Meiji (1868-1912), l’exposition du Musée Guimet célèbre l’immense renouveau artistique qui a accompagné l’abandon de la politique isolationniste du Japon et son ouverture au monde occidental. On ne saurait parler pour autant de révolution artistique, mais plutôt d’une recherche d’innovation dans les techniques et les matériaux et de renouvellement stylistique. Ce foisonnement créatif s’observe dans tous les domaines, estampes, peintures, laques, céramiques, émaux, bronzes ou kimonos …
Au début de l’exposition, les estampes illustrent, comme autant d’images de propagande, l’établissement de l’empire de Mutsuhito et la montée vers la guerre à l’extérieur (soumission de la Corée, guerre sino-japonaise).
Viennent ensuite des œuvres qui témoignent d’un retour aux sources et de la volonté de promouvoir dans les expositions universelles des images emblématiques d’un Japon éternel. Le Mont Fuji devient le symbole d’un Japon en quête de reconnaissance dans le monde entier. Le gouvernement a joué un rôle essentiel dans la préservation, la transmission et le développement des savoirs en organisant des » expositions d’encouragement à l’industrie » et en aidant financièrement les praticiens pour la création de chefs-d’œuvre.
La restauration de Meiji fait toute sa place à l’art Rimpa (Rinpa) né au 17° siècle et caractérisé par la stylisation des motifs, le traitement de la profondeur par étagement des plans, l’emploi de pigments riches, de feuilles d’or et d’argent.
Mais l’instauration d’un système impérial a créé des tensions et des résistances qui s’expriment par la résurgence d’une culture populaire exprimant la dévotion à des entités animistes (kami). Les monstres (yôkai), esprits et fantômes, assurent une médiation rassurante avec les ancêtres et trahissent les peurs suscitées par les bouleversements sociaux liés à la modernisation du Japon.
Les caricatures du célèbre dessinateur Kawanabe Kyosai sont la manifestation la plus éclatante de ce renouveau du folklore japonais.
La dernière partie de l’exposition montre que l’ère Meiji, en diffusant l’esthétique nipponne hors du pays et en changeant radicalement de politique et d’économie, a bouleversé la géostratégie comme l’histoire de l’art mondial. En témoignent très tôt les créations de l’Américain Edward Chandler Moore, du Français René Lalique et du Britannique Christopher Dresser ou le service Rousseau. Cet engouement pour le japonisme suscita même un renouveau de la création au Japon « où les artistes créèrent des œuvres aussi japonisantes que celles qu’ils avaient inspirées ». C’est la vogue du nihonga (« l’art de peindre à la japonaise sur un mode nouveau »)
Les œuvres présentées dans cette section proposent un jeu de devinettes sur l’attribution d’une œuvre à une origine géographique.
Bien cordialement,
Patricia Carles