Une traduction de Juvénal...

Une traduction de Juvénal...

Messagepar Sxilderik » 08 Mars 2011, 01:44

Bonjour à tous !
Je ne sais pas si ce forum est le bon endroit pour cette requête, mais je me lance quand même !

Voilà, je ne suis ni latiniste ni helléniste, mais la civilisation et l'histoire grecque et romaine m'intéressent énormément. Après César (Jules), Hérodote, Polybe, Thucydide, Xenophon, Salluste, Plutarque, j'ai eu envie de me risquer à Juvénal, tenté par ses satires. Je n'ai jamais eu jusqu'à présent à me plaindre des traductions, mais la version de Juvénal que j'ai me déplait. Le traducteur (Claude-André Tabart pour nrf/Gallimard) mêle au texte qui me semble pourtant assez percutant des références et du vocabulaire anachronique (St Just au lieu des Gracques, Biribi pour une prison) et modernisé et vulgarisé à outrance (fric, oseille, caisse, damer le pion, etc.) Ce n'est pas ce que je cherche : je préfère une traduction proche du texte, même couturée de notes et de renvois s'il faut tout ça pour expliquer le contexte et l'intention. Je cherche aussi une traduction qui ne serait pas trop aseptisée ou expurgée des outrances Juvénaliennes.

Par exemple, ce passage
« Cum te summoveant qui testamenta merentur
Noctibus, in coelum quos evehit, optima summi
Nunc via processus, vetulæ vesica beatæ ? » est rendu

par L.V. Raoul (1812) :
« Quand il nous faut céder nos droits héréditaires
À ces gens que, pour prix de leurs nuits mercenaires,
Une vieille opulente élève jusqu’aux cieux ? »

par V. Fabre de Narbonne (1825) :
« Verrai-je de sang froid un vigoureux mortel
Par la vieille opulence élevé jusqu’au ciel,
Chaque nuit méritant une marque d’estime,
Rayer d’un testament l’héritier légitime ? »

par Jules Lacroix :
« Lorsqu’on est supplanté par d’ignobles amants
Dont les honteuses nuits gagnent des testaments,
Et qui, du sein ridé d’une vieille opulente,
Élèvent jusqu’aux cieux leur fortune insolente! »

par Olivier Sers (traduction moderne) :
« Ou en devant céder le passage à ceux qui gagnent des héritages la nuit, qui montent au ciel en enfilant le raccourci moderne de la réussite et de la fortune, le cul cossu d'une vielle belle ? »

et Claude-André Tabart (traduction moderne) :
« Il te faut t'effacer devant ceux qui recueillent
Des testaments sur l'oreiller, ceux qu'élève jusqu'au pinacle
La route la plus sûre à l'époque où nous sommes :
Le vagin d'une riche vielle ! »

Cinq traductions qui pour la plupart (sauf celle de Fabre de Narbonne qui est incompréhensible de prude hermétisme !) arrivent à véhiculer une idée moyenne mais avec des effets très différents (je crois que je préfère la version de Jules Lacroix).

Voilà, donc si vous pouvez me citer LA traduction idéale de Juvénal, classique, détaillée, bien annotée, et respectant l'esprit de la satire, eh bien... merci !
:geek: :geek: :geek:
Sxilderik
 
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Re: Une traduction de Juvénal...

Messagepar espacecollege » 16 Mars 2011, 17:00

Bienvenue sur le forum. Il est ouvert à tous ceux qui s'intéressent aux " humanités".
Excusez cette "réponse" un peu tardive mais j'étais en vacances. La raison des guillemets c'est que je n'ai pas pour le moment de solution à votre problème. Je me suis en effet séparée de pas mal de livres lors de mon départ à la retraite. Mais je pense que des enseignants en exercice pourront vous renseigner. J'ai, quant à moi, un assez bon souvenir de la traduction des Satires de Juvénal dans la collection Budé.
Cordialement,
Patricia Carles
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Re: Une traduction de Juvénal...

Messagepar Kostas » 26 Mars 2011, 17:06

Bonjour Sxilderik,
je vous recommande la nouvelle traduction d'Olivier Sers, publiée aux Belles Lettres en 2002. Le traducteur a émandé le texte établi par Pierre de Labriolle et François Villeneuve. Voici la présentation de cette traduction que l'on peut lire sur le catalogue en ligne des Belles Lettres:

"Cette nouvelle traduction permet d’apprécier la souplesse de la composition des Satires en même temps que leur véhémence, tout en parachevant le travail entamé par Olivier Sers avec La Fureur de voir (Belles Lettres, 1999) et sa nouvelle traduction, très remarquée, dans la même collection, du Satiricon de Pétrone (2001)."

Pour consulter en ligne la présentation de ce livre, vous pouvez utiliser cette adresse:
http://www.lesbelleslettres.com/livre/? ... 0100539470.

Bonne lecture !
Kostas
 
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Re: Une traduction de Juvénal...

Messagepar espacecollege » 21 Avril 2011, 12:18

Bonjour,
J’ai retrouvé la traduction des Satires de Pierre de Labriolle et François Villeneuve dans l’ancienne édition Budé.
Voici pour le passage évoqué de la Satire 1 :
« Quand il te faut céder la place à ceux qui gagnent des héritages avec leurs nuits et qu’élève au pinacle la route la plus sûre, à l’heure qu’il est, pour pleinement réussir, - la vulve d’une riche vieille ! »
Mes souvenirs se rapportaient plutôt à des extraits plus « classiques » sur la vétusté des insulae et les risques d’incendie :
iam poscit aquam, iam frivola transfert
Ucalegon, tabulata tibi iam tertia fumant:
tu nescis; nam si gradibus trepidatur ab imis, 200
ultimus ardebit quem tegula sola tuetur
a pluvia, molles ubi reddunt ova columbae.
Satire III (vers 198 à 203)
« Déjà Ucalégon réclame de l’eau, déjà il déménage sa camelote ; déjà le troisième étage est en feu, et toi, tu n’en sais rien. Depuis le rez-de-chaussée, c’est la panique : mais celui qui rôtira le dernier, c’est le locataire qui n’est protégé de la pluie que par la tuile où les colombes langoureuses viennent pondre leurs œufs. »
Cordialement,
Patricia Carles
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