Les premiers motifs de Thérèse |
Comme Ruth Orkin, Esther Bubley, Helen Levitt ou Vivian Maier - dont l'immense talent n'a été découvert qu'en 2007 grâce aux recherches de John Maloof -, Thérèse est d'abord une photographe de rue (Street photographer) à la recherche d'instantanés, de sujets insolites offerts par la ville et la vie moderne. Réticente à "violer l'intimité des gens", elle a commencé, dit-elle, par photographier "des arbres, des oiseaux, des fenêtres, n'importe quoi", trouvant, comme ses modèles, son inspiration dans les objets et les décors les plus banals de l'environnement urbain. Significativement,
son appareil photo lui-même devient motif dans le film comme il l'était pour
les artistes dont s'inspire le cinéaste et la valise que Carol offre à
Thérèse est en tout point semblable à celles dans lesquelles Vivian Maier transportait son matériel.... |
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L'appareil photo offert par Carol |
Valises de Vivian Maier |
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Vivian Maier :
arbres |
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Esther Bubley :
Central Park |
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Vivian Maier :
arbres |
La nature semble inséparable des symboles de
la civilisation |
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Esther Bubley :
Central Park |
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Vivian Maier |
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Helen Levitt : Scène de rue à New York |
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Helen Levitt : Scène de rue à New York |
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V. Maier : Ecran
aveugle |
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V. Maier : Vitrine
de bijoutier |
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V. Maier : L'Eglise
à travers le rideau |
On remarquera l'originalité et l'infinie variété des écrans
que Vivian Maier interpose entre son regard et la
ville de New York. La fenêtre est déjà dans son oeuvre
l'instrument d'une vision étrange ou émotionnelle du monde. Le motif formel
du cadre et le jeu des écrans sont essentiels à l'esthétique du film de Todd Haynes. |
Les photos épinglées
au mur de l'appartement de Thérèse et son portfolio révèlent pourtant un sens
des instantanés où l'objectif saisit comme par effraction les gestes des gens
ordinaires vaquant à leurs occupations et les choses les plus diverses au
hasard de la rencontre : une échoppe de coiffeur, un angle de maison, une
ombrelle ou des gamins des rues occupés à vendre des sapins de Noël. |
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Sujets et découpages insolites |
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Des scènes prises sur le vif : photos de
Thérèse et, au centre, un sujet cadré par le pare-brise |
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Esther Bubley : façade |
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Esther Bubley : Coney
Island |
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Vivian Maier : rue (New York) |
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Vivian Maier :
enseignes |
Si Thérèse s'excuse
d'avoir pris Carol en photo à son insu, c'est qu'elle reproduit le geste des
pionnières de la "street photography" parcourant inlassablement les rues
de New York pour capturer un petit drame ou une comédie légère, une scène
pittoresque, un décor original dans leur immédiateté ou leur spontanéité. "Mouchardant
la vérité", comme auraient dit les Goncourt, Helen Levitt utilisait
d'ailleurs un viseur à angle droit afin que ses sujets ne s'aperçoivent pas
qu'ils étaient photographiés. Quant à Vivian Maier,
elle possédait un Rolleiflex, appareil reflex
bi-objectif discret qu'elle n'avait pas besoin de porter à hauteur d'œil pour
viser. |
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Esther Bubley :
passagers dans un train |
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Esther Bubley :
homme lisant le journal |
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Esther Bubley : fast food l'Automat |
Les photos d'Esther Bubley sont devenues de véritables documents pour
l'historien et ... pour un cinéaste comme Todd Haynes.
L'Automat qui apparaît à droite dans cette
belle photo de nuit a disparu comme les trains de banlieue de la photo de
gauche mais on retrouve dans les images de Carol l'ambiance du New
York des années 50 qu'elle a si bien rendue à travers ses clichés. |
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Train de banlieue et rue de New York la nuit
dans Carol |